FAQ

Situé à Pierrefonds, RUN’EVA est le projet de pôle multifilière de valorisation des déchets issus des ménages des 15 communes regroupées au sein du TCO, de la CIVIS et de la CASUD, soit plus de 500 000 habitants. Son objectif est de proposer une solution alternative durable et performante à la pratique de l’enfouissement encore majoritaire aujourd’hui à la décharge de Pierrefonds. Avec RUN’EVA, le déchet n’est plus la fin de vie d’un objet ou d’une matière, il n’est plus une charge, il devient une ressource en étant recyclé ou en servant à produire de l’énergie.

Le contexte de La Réunion, une île tropicale avec une biodiversité remarquable, oblige à prendre toutes les mesures pour atténuer les impacts des déchets au plan écologique et sanitaire. L’enfouissement présente des nuisances fortes : risques liés aux maladies comme la dengue, la leptospirose, ou encore les risques de pollution des terres et de l’océan. Le foncier disponible est limité dans le contexte insulaire, il faut donc anticiper pour tenir compte du besoin grandissant d’élimination des déchets. Le volume de déchets devrait suivre une trajectoire de réduction avec l’objectif « zéro déchet », mais l’augmentation de la démographie va maintenir un volume de déchets à traiter conséquent dans les prochaines décennies. L’autre critère de décision est le coût économique de l’enfouissement et la charge qui incombe à la collectivité et à l’usager.

La prévention et le traitement des déchets sont très largement encadrés par des directives européennes et nationales. Ces dernières prônent en priorité la réduction des déchets à la source et le recyclage. Elles pénalisent fiscalement la pratique de l’enfouissement pour inciter les collectivités à y mettre un terme. Ainsi, les taxes liées à l’enfouissement ne vont cesser d’augmenter :

  • la Taxe Globale sur les Activités Polluantes (TGAP) passera de 17€ la tonne enfouie aujourd’hui à 45€ en 2022, puis 65€ en 2025 ;
  • cette hausse se répercutera directement sur le coût de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM), payée par les ménages réunionnais.

RUN’EVA permet d’assurer la continuité du service public de traitement des déchets, sans augmenter la pression fiscale sur les ménages.

Le choix du scénario multifilière est l’aboutissement de plusieurs années d’études. Différents scénarios ont été étudiés sous l’angle de leur capacité à répondre aux besoins et caractéristiques du territoire et à s’inscrire dans le cadre la nouvelle Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte. Pour rappel, les membres d’ILEVA avaient d’emblée écarté les scénarios de tout-incinération et de tout-méthanisation. Le détail des différents scénarios étudiés est expliqué dans le dossier de concertation et les études de faisabilité sont disponibles en ligne sur le site runeva.re (rubrique médiathèque).

Plus spécifiquement sur le procédé de gazéification qui a été abordé à plusieurs reprises au cours de la concertation : si ce scénario a été étudié dans le cadre du projet, il n’existe encore aucune installation de ce type en France dédiée au CSR des déchets ménagers et très peu au niveau mondial. La gazéification nécessite en effet des caractéristiques physiques et chimiques des intrants que les refus de tri non valorisables sous forme de matière ne présentent toujours pas. Par ailleurs, au cours de l’étude de faisabilité, le cas de l’installation de Lahtï en Finlande a été analysé : il en ressort que l’efficacité de cette installation repose sur la proximité d’une écologie industrielle basée sur la valorisation du bois et de ses sous-produits. La gazéification nécessite en effet une grande homogénéité du combustible et une teneur élevée en éléments carbonés – ainsi qu’un écosystème technologique et économique suffisamment développé pour pallier instantanément aux éventuelles défaillances d’un tel procédé. Dans un contexte insulaire, cette solution est ainsi difficilement tenable et n’a d’ailleurs fait l’objet d’aucune proposition lors de l’appel d’offres. Enfin, l’ADEME a eu l’occasion de rappeler sa position sur cette technologie qu’elle considère encore insuffisamment mature au cours de l’ATELIER RUN’EVA du 29 octobre 2019 (le verbatim et l’enregistrement audio des échanges sont disponibles en ligne sur runeva.re)

Le terme « incinérateur » désigne un outil d’élimination des déchets sans production d’énergie. À l’inverse, une « Unité de Valorisation Énergétique » (ou UVE) telle que prévue au sein du pôle RUN’EVA désigne un système de conversion des déchets triés et préparés en énergie thermique et/ou électrique. C’est bien la complémentarité des 3 filières de valorisation prévues au sein du Pôle RUN’EVA (tri, méthanisation, valorisation énergétique des CSR) qui permettra de répondre efficacement aux enjeux et besoins de traitement des déchets du territoire.

Les émissions de la future installation seront mesurées en continu par l’exploitant ainsi que par ATMO Réunion. Les mesures seront réalisées à proximité de l’installation mais aussi à distance (pour tenir compte de l’orientation des vents) pour un contrôle optimal. Les données de l’organisme indépendant ATMO Réunion seront rendues publiques.

Plus largement, la valorisation énergétique des déchets par combustion est l’un des secteurs industriels les plus rigoureusement encadrés, notamment en ce qui concerne les émissions atmosphériques et leur traitement en amont. À ce titre, le projet de Pôle RUN’EVA s’appuie sur des technologies performantes et éprouvées pour un impact plus faible que les seuils réglementaires actuellement en vigueur. Par ailleurs, conformément aux prescriptions du code de l’Environnement une étude d’impact a été réalisée dans le cadre du projet pour veiller à anticiper, mesurer, limiter et suivre ses effets sur la population et l’environnement : elle a été mise à disposition au cours de l’enquête publique.

ILEVA, le Syndicat Mixte de traitement des déchets des microrégions ouest et sud de La Réunion, est le maître d’ouvrage du projet. La gouvernance d’ILEVA est composée des élus du TCO, de la CASUD, de la CIVIS et de la Région. ILEVA est chargé de la conduite des études et de la mise en oeuvre du projet, sur la base du scénario et des enveloppes financières arrêtées par le comité syndical.

FUTU’RUN est le groupement sélectionné par ILEVA en 2018, en charge de la conception, réalisation, de l’exploitation et de la maintenance du futur pôle RUN’EVA. Le groupement est composé des sociétés CNIM, Spie Batignolles, GTOI, Colas, Bollegraaf, Naldeo, Atelier Architectes et Architrav.

Le projet répond à l’urgence de la situation puisque le site d’enfouissement de Pierrefonds arrivera à saturation dès 2023. Concrètement, RUN’EVA va permettre de réduire drastiquement la quantité de déchets enfouis ainsi que les impacts sanitaires, écologiques, économiques et fonciers liés à ce mode de gestion. RUN’EVA donnera de la valeur aux déchets grâce à leur valorisation sous forme de matière ou d’énergie. Outil industriel de pointe, RUN’EVA nécessitera la création de plus de 60 emplois qualifiés pour son fonctionnement, contre 10 actuellement sur le site d’enfouissement. Environ 1500 emplois indirects seront mobilisés par le traitement multifilière.

RUN’EVA va permettre d’affiner le tri. C’est l’une des réponses techniques aux enjeux d’une gestion plus durable de nos déchets. La prévention et le bon geste de tri en amont restent fondamentaux et la sensibilisation des Réunionnais au tri reste indispensable. Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas.  C’est pourquoi ILEVA poursuivra aux côtés des intercommunalités les actions de sensibilisation pour accompagner les usagers dans la réduction de leurs déchets. RUN’EVA est ainsi un outil participant à la trajectoire « zéro déchet » dont les enjeux vont bien au-delà du périmètre du projet.

La conception et le fonctionnement du Pôle RUN’EVA, notamment son UVE, sont pensés et paramétrés pour s’adapter à une diminution progressive de la quantité de déchets. Il ne s’agit donc pas d’encourager « la production » voire l’importation de déchets pour assurer le fonctionnement de l’UVE. Au contraire, la réversibilité – c’est-à-dire la capacité de l’UVE à fonctionner avec d’autres combustibles que les CSR issus des déchets ménagers (non valorisable) pour maintenir la production d’énergie – est une composante essentielle du projet. Un plan de réversibilité a été établi pour s’adapter au scénario d’une baisse de 50% des ordures ménagères en 2028 et jusqu’à 80% en 2048. Ont été identifiés comme combustibles de substitution : les déchets végétaux, les CSR issus des déchets des activités économiques (DAE), les CSR issus des anciens déchets stockés à Pierrefonds et qui pourraient être valorisés grâce au landfill mining. Le dossier de concertation détaille le principe de réversibilité de l’installation.

Le Pôle RUN’EVA est un équipement industriel de traitement et de valorisation des déchets dont le coût cumulé des études de conception et des travaux est de 219 968 720 € HT, son raccordement électrique au réseau public, nécessitant une double ligne haute tension souterraine, s’y rajoute pour un montant de 15 M€ HT.

Cet investissement va permettre de maitriser et de réduire le coût de traitement du déchet. Comparativement, la tonne de déchet traitée par l’enfouissement est de 88€, la tonne traitée par RUN’EVA sera de 79€.

Oui, si nous restons dans la situation actuelle du tout enfouissement. Non, la charge fiscale sur le contribuable ne va pas augmenter si le projet RUN’EVA est mis en oeuvre.

RUN’EVA est en effet la solution économique qui permettra de passer à une alternative fiable et qui n’augmente pas la charge sur le contribuable. En effet, avec les nouvelles règlementations nationales et européennes qui imposent la fin du tout enfouissement, la TEOM (taxe d’enlèvement des ordures ménagères) va doubler d’ici 2025 si rien n’est fait. RUN’EVA permet ainsi de ne pas augmenter la charge sur l’usager.

La concertation qui s’est déroulée du 21 octobre au 12 décembre 2019 au titre de l’article  L.121-9 du code de l’environnement a permis d’informer le public sur le projet, de répondre aux questions et de recueillir des avis, idées, suggestions. 3 garants indépendants ont été nommés par la Commission nationale du débat public (CNDP) pour assurer la sincérité et le bon déroulement de la concertation organisée par ILEVA. La concertation a par ailleurs permis de partager l’urgence de la situation et de souligner l’importance d’une approche globale des déchets : information, prévention, traitement, valorisation. RUN’EVA est un outil parmi d’autres dans l’écosystème de gestion des déchets à La Réunion, qui doit dans son ensemble tendre vers une réduction massive de notre production.

L’ensemble des documents de la concertation ainsi que les bilans d’ILEVA et des garants de la CNDP sont disponibles ici.

Suite à la concertation, l’enquête publique portant sur la demande d’autorisation environnementale et la procédure de déclaration de projet au titre de l’article L.126-1 du Code de l’environnement et entraînant la mise en compatibilité du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la commune de Saint-Pierre s’est déroulée du 26 octobre au 27 novembre. Le rapport de la commission d’enquête est disponible ici.

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